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Date : 04 juillet 2023
Rédaction : Cédric Fontaine

RÉCUPÉRATION DES EAUX DE PLUIE ou INFILTRATION DES EAUX PLUVIALES?

Depuis quelque temps, j’entends beaucoup de discours qui opposent la valorisation à l’infiltration des eaux de pluie. Pour être plus précis, ce sont surtout des critiques et une remise en cause de l’intérêt de valoriser l’eau de pluie qui sont exprimées. Mais est-ce que ces critiques sont justifiées ou infondées ? C’est à cette question que je vais m’attacher à répondre dans ce blog. Le sujet est plus complexe qu’il n’y parait et une réponse par Oui ou Non ne peut suffire.

Récupération des eaux de pluie

Une confrontation inutile.

La situation de tensions sur la ressource que nous connaissons actuellement nous interdit pas de rentrer dans des batailles inutiles entre les différentes solutions techniques. Toutes les opportunités de préserver la ressource en eau doivent être étudiées. Comme pour l’énergie, une bonne gestion de la ressource en eau nécessite d’avoir une vision d’ensemble et de travailler avec tous les outils à notre disposition. Comme pour l’énergie, c’est par un mix de solutions que l’efficacité sera optimale. La valorisation de l’eau de pluie et l’infiltration des eaux pluviales font partie de ces solutions. Chacune présente des avantages et rencontre des contraintes. Chacune répond à des cas de figure particuliers.

Deux utilités complémentaires.

Ces deux techniques permettent de préserver le niveau d’eau présent dans les nappes phréatiques. Leur action est en revanche très différente sur le cycle de l’eau.

  • La récupération de l’eau de pluie permet de réduire les prélèvements dans nos réserves d’eau.
  • L’infiltration permet de recharger les nappes phréatiques.

Dans le premier cas, on évite de vider les nappes phréatiques, dans le second, on les remplit. Dans les deux cas de figure, l’impact est positif.

Illustration de l'ATEP - Cuve de récupération des eaux de pluie
Illustration d’une cuve de récupération des eaux de pluie
Illustration de l'ATEP - noue végétalisée
Illustration d’une noue végétalisée


Pourquoi alors opposer la récupération des eaux de pluie et l’infiltration?

C’est une question pour laquelle je n’ai pas de réponse puisque comme je l’ai indiqué ci-dessus, je ne comprends pas que l’on oppose deux solutions qui œuvrent à la même finalité. Dans les discours entendus, il est reproché à la récupération de l’eau de pluie, de ne pas permettre le retour au cycle de l’eau naturelle. C’est, à mon sens, injuste puisque ce qui n’est pas naturel, c’est avant tout la surexploitation par l’homme des réserves d’eau. Limiter la surexploitation de la ressource par la valorisation de l’eau de pluie permet de réduire l’impact de l’homme et donc de se rapprocher du cycle naturel de l’eau.

Mais alors valorisation d’eau de pluie ou infiltration des eaux pluviales ?

Ma réponse est claire : « les deux mon général ». Concernant les eaux de pluies, à savoir les eaux tombées sur une toiture non-accessible au public, la récupération sera à privilégier, car elle a un impact plus fort et plus immédiat sur la protection de nos nappes.

Impact plus fort :

Lorsque je consomme 4 litres d’eau de pluie pour alimenter ma chasse d’eau, ce sont 4 litres que je ne soustrais pas de la nappe phréatique. Si en revanche, je privilégie l’infiltration, sur ces 4 litres d’eau de pluie, seulement 1 litre aurait terminé son chemin dans la nappe phréatique (seul 25% des eaux pluviales sont infiltrées en profondeur).

Résultat pour ma consommation de 4 litres d’eau pour remplir ma chasse d’eau.

  • Eau de pluie : impact sur la ressource = 0 (prélèvement dans la nappe = 0, recharge de la nappe = 0)
  • Infiltration : impact sur la ressource = -3 (Prélèvement dans la nappe : – 4 litres d’eau / recharge de la nappe : +1 litre d’eau).

Impact plus rapide :

Les volumes d’eau de pluie consommés entraînent une réduction immédiate des prélèvements dans la nappe phréatique. En revanche, une goutte d’eau infiltrée peut mettre plusieurs années pour réalimenter une nappe phréatique. Là encore, la récupération d’eau de pluie permet de répondre à l’urgence de la situation.

« L’étude » présentée ici est ultra simplifiée et n’a comme unique valeur celle de la pédagogie.

Et l’impact de l’infiltration.

La récupération de pluie, si elle est efficace, ne peut pas tout résoudre (ce serait trop beau) car elle possède ses propres limites, dont les 2 principales sont :

  • L’eau de pluie valorisable est une eau collectée uniquement sur une toiture non-accessible au public. De ce fait, une très grande partie des eaux collectées ne peut être valorisée. Les eaux des voiries, des cours d’école, des parkings, soit des eaux de ruissellement qui ne peuvent être réutilisées. Ces eaux de ruissellement représentent une très grande part des eaux pluviales qui ne doivent pas être « perdues ». Pour cela, l’infiltration, soit en désimperméabilisation la ville, soit en mettant en place des ouvrages spécifiques, est la solution idéale. Parmi les ouvrages à mettre en place, nous pouvons citer, les noues et jardins de pluie, les revêtements perméables, les chaussées réservoirs, Desimperméabiliser la ville permet de se rapprocher du cycle naturel de l’eau.
  • Les usages de l’eau de pluie sont limités aux usages non-alimentaires et non-corporels. Il est impossible dans de nombreux cas (maison individuelle par exemple) de valoriser la totalité des eaux de pluie récupérées sur notre toiture. Dans ces conditions, le trop-plein de notre cuve doit être alors infiltré dès que cela est possible.
Jardin_de_pluie-Rennes
Jardin de pluie à Rennes

Mon point de vue
sur cet article

Discutons de votre projet

Pour moi, la solution idéale est :

  • De valoriser les eaux de pluies en favorisant des usages réguliers tout au long de l’année. Réserver l’eau de pluie uniquement à l’arrosage n’aura que peu d’impact (pour en savoir plus, cf. mon précédent article).
  • D’infiltrer les eaux pluviales tant que cela est possible ainsi que le trop-plein des eaux de pluie.

Et surtout de ne pas être dogmatique en opposant les solutions les unes aux autres.