
Rédaction : Cédric Fontaine
Rennes, capitale bretonne de la pluie… et championne de l’innovation en gestion de l’eau !PRÉSENTATION DE L’ÉVOLUTION DE SON PLUi
la capitale de la Bretagne exemplaire dans sa gestion des eaux pluviales mais est-ce étonnant pour une région qui a fait de la pluie son emblème ? ACTU du 20juin 2025 Rennes Métropole présentait l’évolution de son PLUi sur la partie gestion des eaux à la parcelle. Si la philosophie de ce document d’urbanisme est proche […]

la capitale de la Bretagne exemplaire dans sa gestion des eaux pluviales mais est-ce étonnant pour une région qui a fait de la pluie son emblème ?
ACTU du 20juin 2025
Rennes Métropole présentait l’évolution de son PLUi sur la partie gestion des eaux à la parcelle.
Si la philosophie de ce document d’urbanisme est proche de celui des nombreuses agglomérations qui ont pris ce sujet à bras le corps, l’intégration d’un volet réduction des consommations d’eau potable est remarquable dans son ambition.

À Rennes récupérer l’eau de pluie permet de protéger la ressource ET de limiter le risque d’inondation.
C’est pour moi, le premier PLU (n’ayant pas la prétention de connaître tous les PLU en vigueur, je suis preneur d’une information contraire) qui impose la récupération des eaux de pluie et accepte de la prendre en compte dans le dimensionnement des ouvrages de gestion des eaux pluviales.
- Certains PLUi imposent la récupération des eaux de pluie (ex : Lille) sans pour autant prendre en compte son impact positif sur l’abattement des eaux pluviales.
- D’autres PLUi (ex : Paris) permettent de prendre en compte la récupération des eaux de pluie comme outil de réduction des volumes d’eaux pluviales rejetés au réseau mais sans rendre cette solution obligatoire.
La nouveauté dans le PLUi de Roazhon (comme on dit chez nous) est qu’il incite, par son écriture à valoriser les eaux de pluie pour des usages plus larges que le simple arrosage des espaces verts. Ceux qui suivront cette incitation se verront faire des économies sur les ouvrages d’infiltration imposés jusqu’alors ce qui aura pour conséquence de démultiplier l’acceptabilité des maîtres d’ouvrage.

Le PLUi historique : un modèle de simplification
Rennes Métropole était déjà novatrice dans son approche de la gestion des eaux pluviales en offrant aux maîtres d’œuvre une méthode de calcul des ouvrages ultra simplifiée. En effet, la méthodologie nous exonérait :
- Des calculs savants avec la méthode des pluies avec la recherche fastidieuse et payante des coefficients de Montana – les lames d’eau à traiter sont données dans le PLUi
- D’études de perméabilité du sol pour connaître la surface d’infiltration
- De l’intégration de multiples coefficients de ruissellement.
Les lames d’eau à gérer : Sans rentrer dans le détail, le PLUi impose une gestion des eaux pluviales à deux niveaux. Les pluies courantes (lame d’eau de 10mm) doivent être infiltrées (en dehors de quelques zones d’infiltration interdite) et les volumes supplémentaires issues des pluies fortes (jusqu’à une lame d’eau de 28mm) doivent être gérés par un bassin de rétention / régulation.
La surface d’infiltration : celle-ci doit être égale à 10% de la surface d’impluvium (surface imperméable de la parcelle)
Les coefficients de ruissellement : du binaire 0 ou 1 : La gestion quantitative présentée ci-dessus est exigée uniquement sur les surfaces imperméables. Toutes surfaces éco-aménagées (revêtement perméable, toiture végétalisées, espaces verts) en sont exonérées.
Alors bien sûr les experts puristes grincheux vous diront qu’il existe des effets d’aubaine, qu’une toiture végétalisée ne peut être comparée à un jardin en pleine terre ou à un pavé perméable, mais c’est la contrepartie assumée d’une simplification qui permet une mise en place simple.
Le nouveau PLUi : l’intégration de la récupération des eaux de pluie…..
Dorénavant, en plus de la gestion des eaux pluviales initiales, la métropole vous impose la récupération des eaux de pluie. Le volume de la citerne dépendant de l’emprise au sol de la construction (pour un bâtiment d’habitation : 1m3 en dessous de 80m2, 3m3 en dessous de 150m3 et 10m3 au-delà de 150m2).
Mais c’est dans les détails que ce PLUi se différencie d’autres PLU :
- La possibilité de déroger à ces volumes si une étude de dimensionnement démontre que le volume préconisé n’est pas optimal. Cette possibilité permet de responsabiliser les maîtres d’œuvre et de limiter le risque de contre références du fait de mauvais dimensionnement (90% des citernes sont surdimensionnées)
- Et surtout la possibilité en cas d’usages intérieurs de cette eau de pluie (alimentation des WC, du lave-linge) la possibilité de soustraire du calcul de l’ouvrage d’infiltration et de tamponnement des mètres carrés de toitures connectés à la citerne. Pour simplifier, les toitures récoltant les eaux de pluie, ont un coefficient de ruissellement 0 comme les terrasses végétalisées, ou les espaces verts.
…. En prenant en compte son impact sur l’abattement des eaux pluviales.
En écrivant le PLUi de la sorte, la collectivité a décidé de prendre en compte l’impact positif de la récupération des eaux de pluie sur la diminution des volumes rejetés dans les réseaux. Nous retrouvons dans cette vision, celle du CSTB qui a rédigé en 2019 un ouvrage intitulé « impact ………………. ».
En effet chaque mètre cube d’eau de pluie consommé pour alimenter des WC, est un mètre cube qui ne retourne pas au réseau d’eau pluvial.
Bien sûr, l’impact n’est efficace que si la consommation d’eau de pluie est stable tout au long de l’année (c’est pourquoi le PLUi impose un usage intérieur). Lorsque l’on ne récupère les eaux de pluie que pour arroser les espaces verts, la cuve déborde de septembre à avril et l’impact sur l’abattement des eaux pluviales est donc nul plus de la moitié de l’année.

Que répondre à ceux que critiquent la récupération des eaux de pluie ?
Vous aurez toujours un bien-pensant qui vous répondra que le PLUi vous imposait initialement l’infiltration des premières pluies et que l’infiltration se rapproche plus du cycle naturel de l’eau que la récupération des eaux de pluie.
Pas faux, mais cette vision ne prend pas en compte un des défis que nous devons collectivement relever : la protection de la ressource. Et c’est là que la récupération des eaux de pluie présente son principal avantage : conserver dans nos nappes et autres réserves l’eau nécessaire à nos usages nobles (alimentation, hygiène corporelle).
En effet, chaque mètre cube d’eau de pluie consommé est un mètre cube non pompé dans la nappe phréatique.
C’est ce qu’a bien compris rennes Métropole. Si nous voulons lutter contre les inondations et la pénurie d’eau, favorisons la récupération des eaux de pluie sur les surfaces non accessibles aux personnes et l’infiltration des eaux de ruissellement.